C’est avec joie que je vous annonce avoir décidé d’acheter Øya, ce magnifique voilier qui se joindra à l’aventure, dès les formalités terminées.

Ce bateau grée en sloop a été construit par le chantier L. Landy à Vitry le François, selon les plans du modèle « Goëland » de Elie Poinsot. La construction date de 1974 et il a été mis à l’eau 10 ans plus tard en 1984. Øya mesure 9,6m, 3m de maître-bau, a 1,55m de tirant d’eau pour un déplacement d’environ 6 tonnes et est construit en acier choupé. Son mât a été rallongé d’un mètre, ce qui a permit une augmentation de la surface de toile et de lui ajouter un étai largable.

Une histoire mouvementé

L’histoire raconte que le premier propriétaire n’aurait jamais eu l’occasion de réaliser son rêve de tour du monde avant de malheureusement décéder. Le second propriétaire quant à lui a fait le tour de l’Atlantique nord avant de le vendre au troisième propriétaire, c’est-à-dire moi-même.

Le navire s’appelait d’abord « Crocus », puis on l’a rebaptisé en « Oya » puisque le second propriétaire avait envie de visiter les eaux nordiques. Effectivement, Øya signifie en Norvégien « l’île ». Quelle coïncidence pour moi qui ai vécu en Norvège ! J’aime beaucoup ce nom donc je le garde, quoique moi, je changerais le « O » en « Ø ».

L’histoire d’Øya est d’autant plus attachante qu’elle a toujours ses plans d’origine, réalisés à l’ancienne et non pas avec un trop parfait logiciel moderne tel que Catia. De plus, le rallongement de son mât eut pour nécessité d’ajouter la delphinière qui lui donne tout son charme. Certainement est-elle la seule des Goëlands à avoir un mât plus haut d’un mètre. C’est l’architecte lui-même qui a porté cette modification et a ajusté les plans d’Øya au crayon, les rendant ainsi uniques.

Si ça c’est pas du cachet !

Pictures of the plan of Oya
Øya nous rejoint avec ses plans d’origine

Une recherche interminable

Chercher un bateau n’est pas une mince affaire (je développerais ceci dans un article à l’avenir), il faut qu’il réponde aux critères du projet. Le vilain projet étant finalement assez atypique par rapport aux autres acheteurs de bateau, il ne m’a pas été facile de le trouver. J’ai visité au moins 8 bateaux entre Mars et Octobre et aucun n’était en phase avec mes critères jusqu’à Øya. C’est une question de patience, mais à la fin lorsque je n’avais plus rien à faire d’autre que de trouver un bateau pour avancer dans mon projet, le temps était long.

Ça n’a pas été facile de trouver Øya, elle est en Bretagne et j’habite dans le sud. Je n’avais pas envie de brûler mon budget dans des visites. Par chance j’ai été invité au mariage d’Agathe et Christophe à 100km de là, et mes billets d’avion étaient déjà réservés depuis un certain temps ! J’ai aussi eu la chance d’avoir ma cousine sur place qui m’a gentillement prêté sa voiture pour faire le trajet. Il ne me restait plus qu’à trouver un bon expert pour pouvoir faire la visite et faire rentrer tout ça dans le planning. La perle rare se mérite !

Les astres se sont alignés

Et pourvu qu’ils le restent jusqu’à ce que les derniers papiers soient terminés !

Mes capricieux critères se sont pourtant vu satisfaits les uns après les autres:

  1. Une annonce exhaustive, des photos montrant un entretien irréprochable. « Montre moi ton bateau, je te dirais qui tu es ». Une photo en particulier exposait le bateau tel qu’il est actuellement, à savoir hiverné. On y voit que le propriétaire a intégralement retiré le gréement courant ainsi que l’accastillage et même la barre. Peu de gens aussi méticuleux pour hiverner un bateau pendant un an.
  2. Un inventaire complet pour mon projet: un jeu de voile adéquat (reste à voir son état), un moteur ancien mais fiable et réputé, un radar, une VHF avec ASN et un récepteur AIS, un récepteur de bulletin météo, une annexe, deux éoliennes, des panneaux solaire, un répartiteur de charge, un régulateur d’allure neuf et j’en passe… Cet inventaire m’a presque semblé suspect.
  3. Un très bon contact par téléphone avec le propriétaire. Il m’a expliqué son parcourt avec le bateau, je lui ais expliqué mes ambitions et nous nous sommes compris. Cette discussion m’a fait comprendre que j’avais vu juste vis-à-vis des photos. En fait, après cet entretien j’ai failli faire un aller-retour immédiatement sur place pour ne pas que le bateau me passe sous le nez…
  4. Une visite accompagné d’un expert qui n’a rien trouvé d’alarmant. Je ne visite jamais un bateau seul, car il faut toujours un œil objectif, et pour ce bateau je ne l’étais pas du tout ! L’expert a tout de même pointé du doigt le circuit de gaz à refaire, mais en ce qui concerne la structure, les matériaux ou le gréement, rien à redire selon lui.
  5. Un jeu de voile dans un état moyen à correct. Les voiles coûtent très cher, c’est pourquoi c’est une étape cruciale. Celui-ci me permettra de naviguer au moins la première année, mais il faudra que je lui fasse un entretien, et puis le renouveler au fur-et-à-mesure.
  6. Ha oui, en voyant Øya en vrai, je l’ai trouvé magnifique. Ça compte !!

Reprendre le flambeau

Malgré toute cette joie je reste réaliste. Les bateaux, même quant on les bichonne au maximum trouvent toujours quelque chose pour nous faire travailler et nous alléger de quelques centaines ou milliers d’euros.

Déjà, je sais qu’il faudra faire l’antifouling. Ensuite, il faudra bien un jour refaire ce circuit de gaz aux normes, comme indiqué par l’expert. Et puis il y a les voiles à reprendre par-ci par là, donc faire un peu de couture… Sans compter qu’il faudra aussi procéder à une inspection fine de l’ensemble du navire, dans tous ses moindres recoins. Tout compte fait, une rétro-conception de l’intégralité des systèmes en place sera souhaitable si l’on éviter toute surprise.

Bref, Øya, je veux la connaître par cœur.


L’acquisition d’Øya est une étape majeure de franchie dans la chronologie, mais il y a encore une longue route avant que je ne puisse appareiller.
Et puis… Ne pas crier victoire, je n’en suis pas encore propriétaire tant que tous les papiers ne sont pas bouclés !

J’ai hâte d’embarquer… Il va donc falloir passer à la vitesse supérieure et s’organiser.