Premier article depuis bien longtemps ! Dans celui-ci je retrace rapidement mon confinement mouvementé. Je le publie en retard puisque je l’ai terminé il y a une semaine environ, mais d’autres vont suivre rapidement, plus courts et sûrement plus fréquents.
La crise du COVID s’est imposée à tous, mais je l’ai vécu dans un contexte privilégié. Je me suis confiné dès le 3 janvier sur mon bateau, pour revenir aux sources, me recentrer sur soi-même et l’essentiel. 3 mois plus tard le Coronavirus réduit mon originalité à néant, m’enlève mon travail après 10 jours de labeur, mais m’offre néanmoins des perspectives plutôt inattendues !
Bloqué à quai, autant en profiter
Le port du Kernével est d’une taille correcte. En temps normal il est très fréquenté, j’en sais quelque chose puisque je suis sur l’allée principale. Mais avec la crise seuls les résidents à bord comme moi y ont étés présents. Le cadre est sympa, il y a des douches, de l’électricité et de l’eau. J’ai donc profité du temps libre pour faire des travaux, mais sans véhicule ni le droit de circuler et mon petit outillage ça s’annonçait compliqué.
Distanciation sociale
Un jour je vois par hasard une jolie chute de contre-plaqué de 12mm dans la poubelle du port. La taille était correcte pour faire une nouvelle marche Øya, je le récupère donc. Malheureusement il faut que je fasse deux découpes, une scie sauteuse serait la bienvenue.
Vient un jour où un passant passe avec un charriot rempli de diverses affaires. Je demande à tout hasard si ce monsieur aurait une scie sauteuse que je pourrais emprunter pour faire deux découpe, et il en sort une de son charriot qu’il me prête. Impeccable !
Ha mais c’est toi qui jettes du contre-plaqué ?
Moi
Plus tard je sympathiserais avec lui, Yvon qui habite sur Incognito, puis ses voisins des pontons I et H qui habitent aussi en couple sur leurs bateaux: Syel, Lady L. et d’autres. Tous ont plus de bouteille que moi, leurs expériences et conseils sont solides ! Aussi, ils sont très généreux avec moi et me donnent des matériaux, me prêtent des outils et surtout m’offrent leur amitié.
Bricolage
Je rencontre aussi mes autres voisins avec qui le contact passe tout aussi bien. On a plus ou moins tous entrepris de profiter du confinement pour rénover nos bateaux…
Le port s’est transformé en mini fab-lab: on a un prof de l’Afpa, un prof de menuiserie et plein de bricoleurs expérimentés, dans le respect des geste barrières.
Pendant ce confinement, j’ai pu abattre beaucoup de travail:
- Traitement de la rouille de la partie arrière de la quille, pas une mince affaire, voir cet article détaillé.
- Fabrication et pose d’une marche dans la descente
- Fabrication et pose d’un socle pour la pompe de cale
- Découpe d’une cloison en acier pour donner accès à un « équipet caché » (équipet = rangement)
- Tirage de câbles à travers des cloisons acier et bois ainsi que derrière les vaigrage, à travers l’isolant
- Fabrication d’un tableau électrique sur mesure avec l’aide d’Yvon qui a fait la découpe et le montage avec ses outils de menuisier. Voir les photos ci-dessous.
J’ai pu faire tout ça grâce à l’aide des copains de ponton, sinon la liste serait bien maigre. Ce qui est fait n’est plus à faire !
Le gros chantier
En fait, mon idée est de régler le poste navigateur du bateau qui a été défavorisé par rapport au reste du bateau. J’ai pourtant une table à cartes spacieuse que je pourrais utiliser comme bureau quand j’ai besoin de travailler. Mais en l’état actuel ce n’est pas vraiment possible: les instruments sont juste posés sur la table à carte, leurs câbles empêchent de pouvoir s’adosser sur la cloison, et puis c’est moche là dedans, ça donne pas envie d’y aller !
Jugez par vous-même:
Bref, j’ai donc décidé de me lancer le 13 avril dès l’annonce de la prolongation du confinement par Emmanuel Macron. Et faire le tri dans ce tas de spaghettis à été assez compliqué. Par où commencer ? Après 4 semaines je vois enfin le bout du tunnel, et ça en valait la peine.
J’ai profité à l’occasion du changement du passage des câbles à agrandir l’accès à l’équipé de la couchette navigateur. Je ferais le reste de l’aménagement plus tard.
Ha oui j’ai aussi appris – comme beaucoup pendant le confinement – à faire du pain au levain sur une idée de mon frère. Au moins, au mouillage j’aurais de quoi tartiner ! J’ai cinq kilo de farine dans les cales, le nouveau format des paquets COVID-19 est pas mal !
Une certaine routine
Les journées s’enchaînent à une vitesse folle. Les travaux avancent non sans difficultés. Le problème quand on vit à bord, c’est justement qu’il faut vivre dans le chantier. Je mets tout en place le matin et range tout le soir. J’en ai en général pour une heure de rangement.
Parfois certaines activités sont incompatibles… Faire du pain quand le vernis sèche juste à côté, c’est pas très réglementaire. D’une manière générale après deux mois de vie confiné dans un chantier, je commence à en avoir marre. Je passe mon temps à ranger et c’est tout le temps le bazar !
Je bricole donc, et dans la bonne humeur ! Mais quelque chose me travaille: justement, je n’ai plus de travail. La voile est une activité qui coûte cher et j’arrive au bout de mes économies. C’est bien pour ça que j’avais trouvé un boulot dans le carbone !
Le travail, et l’avenir
Après avoir prospecté à nouveau, j’ai enfin trouvé un travail à temps partiel, en télé-travail avec mes collègues Norvégiens. C’est un poste qui me permet de sauver les meubles et surtout qui a l’avantage de ne demander qu’une connexion internet. J’ai donc tout ce qu’il faut, la possibilité de travailler sans la contrainte de devoir aller à terre ni de respecter des horaires fixes: c’est parfait !
En parallèle à cela je continu de chercher des projets en freelance. C’est un objectif qui me tient à cœur et qui est de toute façon important si je veux respecter les 6 règles du projet. Je veux avoir un projet professionnel durable, être actif.
À court terme, je veux naviguer. Je compte terminer les derniers petits détails de mes travaux ici à Kernével. Ensuite, et si possible dès le mois de juin je vais pouvoir reprendre mon programme de navigation. À savoir: tester Øya comme c’était prévu pour le mois de février ! Je compte donc me rendre en baie de Quiberon, faire mes essais, puis voyager en Bretagne, le long de côtes françaises ou ailleurs pendant l’été.
Au final, j’ai réussi à trouver un boulot et sociabiliser au moment où tout le monde s’est retrouvé au chômage et contraint à la distanciation sociale. En plus, mon bateau ressort avec une quille toute propre et un tableau électrique tout neuf sur mesure.
Si ça c’est pas Vilain !